Les technologies permettant l’anonymisation des données rendent la traque aux cyberdealers difficile.
Vêtements, livres ou musique: aujourd’hui, tout se commande sur Internet. Même la drogue, comme en témoigne un site suisse en accès libre. Speed, LSD, MDMA, coke ou haschisch: un clic suffit pour mettre la substance de son choix dans son panier, avant de passer à la caisse. La procédure est aussi simple que pour une paire de chaussures, à la différence près que la facture se paie en bitcoins. La commande arrive quelques jours plus tard dans la boîte aux lettres.
En Suisse comme dans le reste du monde, la pratique est de plus en plus répandue, révélait dimanche la SonntagsZeitung. Le journal cite les chiffres du Global Drug Survey, une étude qui a interrogé anonymement près de 100'000 internautes sur leur consommation de drogues. Le résultat est édifiant: un achat de stupéfiants sur 20 se fait sur Internet. Un an auparavant, cette proportion ne représentait qu’un sur 50. Un tiers des personnes interrogées admettent avoir testé de nouvelles substances depuis qu’elles ont la possibilité de les commander sur Internet.L’augmentation de la saisie de colis postaux contenant des stupéfiants par la douane suisse témoigne de cette évolution dans notre pays. En 2014, le Corps des gardes-frontière a saisi 709 kg de marijuana (416 kg en 2013 et 140 en 2012), 76 kg d’héroïne (40 kg en 2013, 34 kg en 2012), ou encore 10'000 pilules d’ecstasy (5309 en 2013, 3659 en 2012). L’année en cours ne sera probablement pas en reste: à la fin de mai, les douaniers avaient déjà saisi 50'000 graines de cannabis dans 2874 envois. Soit un potentiel de deux tonnes de marijuana séchée présentant une teneur en THC très élevée, d’une valeur marchande comprise entre 14 et 24 millions de francs. «La plupart des graines de cannabis saisies avaient été commandées à des boutiques en ligne et livrées en Suisse», précise l’Administration fédérale des douanes.
Les colis douteux viennent se mêler à la multitude des paquets commandés sur Internet. Mais les moyens de surveillance de La Poste sont très limités. «Nous recevons 500'000 colis par jour, imaginez un peu!» souligne Oliver Flüeler, responsable du service de presse du géant jaune. Surtout, La Poste n’a pas l’autorisation d’ouvrir les envois. «Par contre, si nous repérons une anomalie, que ce soit la forme, un bruit ou une odeur, nous signalons les paquets suspects à la police.»
L’étendue mondiale du spectre de la Toile et le développement des technologies permettant l’anonymisation des données rendent la traque aux cyberdealers particulièrement difficile. «Lorsque nous repérons un site spécialisé dans le commerce illégal, nous tentons de déterminer la provenance du serveur et de ses opérateurs afin de déterminer la compétence territoriale», explique Alexander Rechsteiner, porte-parole de l’Office fédéral de la police (FedPol). L’adresse du site suisse cité plus tôt se situe par exemple en Asie. «Procéder à une enquête sur des sites qui vendent à des Suisses mais sont basés à l’étranger est extrêmement difficile, que ce soit en matière de compétences territoriales ou de collecte des preuves.» La FedPol compte ainsi de plus en plus sur une collaboration internationale avec les autres polices.
Petite lumière sur ces sombres constats: la dernière étude sur les drogues constate que les Suisses consomment moins qu’avant.
(TDG)
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